Popular Culture Association of France

Association Française d'Étude des Cultures Populaires

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« La cave », une nouvelle fantastique de Simon WAST-BOUCHAUD, étudiant en Lettres

, 24 mai 2019

On m’a toujours dit de me méfier de la cave. La maison de mes parents se trouve à Miskatonic, dans le Massachusetts. Elle se transmet depuis des générations dans la famille de ma mère. Dans cette ville lugubre traînent des histoires sordides de sorcières. Et cette maison aux allures de manoir gothique pourrait inspirer les plus sombres récits de fantômes à Miskatonic, falaise tranchante balayée par de noires vagues.

Située dans un quartier très fréquenté, pareille demeure frappe déjà les habitants, mais il arrive aussi que des touristes perdus s’arrêtent, horrifiés par les pignons recouverts de pointes et les gargouilles sinistres qui ornent les gouttières.

Revenons à la cave. Toute mon enfance, ma famille interdisait aux jeunes gens et aux étrangers d’y pénétrer. Malgré tous les stratagèmes que mes frères et moi employions, la porte restait scellée avec une incorruptible arrogance. Quand je vis dans l’héritage de ma mère que j’avais reçu la clé de la cave, je montai dans le premier train venu pour Miskatonic.

Une fois l’escalier moite descendu, je m’arrêtai, tremblant. En effet, des bruits parvenaient de l’autre côté de la porte de bois. Des bruits de grognements et de mastication. J’en distinguais alors plusieurs, au moins trois, pensais-je. Je criai alors « Quelqu’un est ici ? Vous avez la clé ? ». Puis plus rien. Un silence d’animal surpris. Tout d’un coup, un vacarme retentit derrière la porte comme si plusieurs personnes cherchaient à fuir par une sortie exiguë. Je déverrouillai la porte rapidement et un spectacle morbide s’offrit à moi : les restes de ce qui devait être de petits animaux, déchiquetés. J’aperçus dans le coin droit un puits recouvert d’un couvercle en bois. Il me fallut quelques secondes pour identifier ce que je vis : deux yeux d’un rouge de braise, qui me fixaient. Immédiatement, la chose disparut dans le puits, et une main nue, pâle, aux doigts crochus, sortit, prit le couvercle et le remit en place. Je m’enfuis de la maison en courant et ne revint plus jamais dans la demeure, ni même à Miskatonic.