Popular Culture Association of France

Association Française d'Étude des Cultures Populaires

MenuMenu2

« La F’eau-te sur Mer »une nouvelle fantastique de Victoria BIED, étudiante en Lettres à l’université de la Rochelle

, 24 mai 2019

 

Celle-ci ne s’en lassait pas, l’air pur des marées la faisait frissonner, exaltait ses sens, la rendait libre et animée. Elle était jeune et dynamique, ne supportant pas la sédentarité, la simplicité d’une vie figée dans un bel endroit, elle portait ainsi le goût du voyage. Près des côtes françaises, elle migrait de ports à ports pour retrouver ce qu’elle aimait tant ; le vent caressant les bateaux plus ou moins gentiment, plus ou moins violemment. Parmi tant de lieux découverts, elle en retenait un principal, le port de la Faute sur mer, une ville si petite et peu riche en habitations, commerces, et tout autre loisir que le port, pourtant pas bien grand, dominait cette petite commune. Celui-ci était vieux, les pontons usés, le bois délavé ne sauraient montrer une image méliorative de ce port, mais ceci plaisait à Madame, c’était là, pour elle, toute l’authenticité du paysage, la simplicité d’une nature portuaire, un peu à l’abandon des hommes, une nature non transformée par les hommes pour une fois, un lieu libre de devenir ce qu’il veut, de devenir vieux et morne. En concordance avec les temps gris de l’hiver et la désertion de ces habitants nichés dans leur maisons chauffées, elle prenait plaisir à venir ici, admirer la pureté de ce paysage.

Ce soir-là, elle voulait se promener un peu plus que sur le port et s’enfouir dans la ville de la Faute sur mer, voir si celle-ci n’avait pas à lui offrir un peu plus que ce qu’elle connaissait d’elle ; une ville triste, sans vie, plongée dans le silence de sa population vieillissante prématurée. Elle commença par un petit bar nommé très originalement « La Terrasse ». Il n’y avait personne. Pas un chat comme on dit, elle passa très vite cheminant les rues, elle courait presque. Était-elle pressée ?  La rue des voiliers, la rue des dunes, la rue des bécassines, l’impasse du Fier d’Ars. Aussi vite qu’elle pouvait aller, elle roulait presque, glissait, volait peut-être, cette impasse ne semblait pas l’arrêter dans son élan démoniaque. Le vent de plus en plus fort, un refuge serait le bienvenu et sa démence ne cessait de s’accroître. Devenait-elle folle ? Une tempête surgissait et elle en faisait partie, courant comme une furie dans les quartiers. Son état psychologique et ses actes semblaient en parfait accord avec le vent hurlant de la nuit. Elle devenait tempête. Elle s’engouffra dans une maison si brutalement, elle se prit la porte, elle était fermée à clé mais cela ne l’empêcha pas de pénétrer dans la pièce, elle monta les escaliers d’une rapidité inexplicable et inhumaine, atteignant une chambre, un vieux couple dormait paisiblement jusqu’à ce qu’elle soulève en quelques secondes seulement le lit, il semblait flotter dans l’air de la pièce. Hein ? Comme le bateau de Peter Pan ? Mais cet air devint imbuvable, il n’oxygénait plus le vieux couple stupéfait, pris au dépourvu il fut submergé puis absorbé par cette femme irréelle et terrifiante. Il croyait nager en plein délire pourtant rien n’était plus vraie que leur noyade.

La vague libre et animée, comme je vous l’avais précisé avait tout emporté sur son chemin abandonnant des débris et des vies inertes à sa conscience. Elle s’en moquait après tout, elle s’en irait, voir ailleurs, ne laissant que le triste souvenir de « Xyntia », la tempête du 28 février 2010.