Popular Culture Association of France

Association Française d'Étude des Cultures Populaires

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« Le monde parallèle », une nouvelle fantastique de Sarah TROUSSAULT, étudiante en Lettres

, 24 mai 2019

C’était au cours d’une nuit de novembre, une nuit d’automne qui le glaçait jusqu’aux os, qu’Antoine tentait de trouver le sommeil malgré le froid qu’il arrivait difficilement à supporter. Récemment obligé de déménager à Nantes pour son travail, il lui avait fallu, du jour au lendemain, trouver un appartement et quitter sa famille. Il était donc seul, dans un appartement où il s’apprêtait à passer sa toute première nuit.  Une atmosphère lugubre s’était emparée de lui. Il tentait de se raisonner, en se répétant dans sa tête “Tu n’es plus un enfant, tu n’as pas à avoir peur du noir, reprends-toi, mon vieux.”. Il pensa finalement à ses proches qui lui manquaient déjà. Il se concentrera sur la première visite qu’il pourrait faire le lendemain pour repérer les lieux, ce qui le motiva franchement à rester au lit se reposer pour être en forme afin de visiter la ville de Nantes, dont des amis lui avaient beaucoup parlé. Il voulait donc dès le lendemain aller visiter la Cathédrale Saint-Paul-et-Saint-Pierre de Nantes, ainsi que le Château des Ducs de Bretagne, mais également emprunter le Passage Pommeraye et pour finir sa journée, se rendre aux Jardins des plantes.

C’est alors que sur ces pensées de découvertes, Antoine ferma les yeux et sentit tout à coup une agréable chaleur lui glisser sur le corps et atteindre tous les coins de sa peau. Cette chaleur lui fit ouvrir les yeux de curiosité. Telle ne fut pas sa surprise lorsqu’il découvrit qu’il n’était plus seul dans son appartement mais qu’il y avait de la vie qui grouillait de partout. Une foule avait envahi l’appartement, les gens y faisaient la fête, dansaient, jouaient, criaient et riaient fort. Ces gens paraissaient appartenir à une autre époque. Les hommes étaient vêtus d’une redingote et de bottes en cuir, les femmes elles, portaient des robes bouffantes, tenues par un corset. Mais ce n’était pas tout, son appartement avait désormais des airs d’intérieur de château, la chambre dans laquelle il lui semblait s’être endormie s’était transformée en une magnifique salle de bal. Tout ce spectacle qu’il admirait sans avoir l’impression d’y appartenir, lui donnait l’impression de rêver. Pourtant, il pouvait le sentir, cette scène paraissait si réelle, il était bien là, entouré d’inconnus, au milieu d’un univers qui n’était pas le sien. Les gens commençaient peu à peu à remarquer ce jeune homme, qui paraissait ailleurs, comme s’il était plongé dans quelques rêveries. En effet, Antoine cherchait à comprendre pourquoi il était ici, il voulait concevoir qui l’avait ramené à cette époque.   Tout à coup, des cris retentirent, la foule courait vers le fond de la pièce et semblait former un cercle autour de quelque chose. Antoine se précipita pour voir ce qui se passait, il se fit bousculer mais arriva enfin à rejoindre le fond de la pièce. Au milieu des brouhahas, il aperçut une femme qui gisait au sol. Une fois les hypothèses exploitées une à une, les gens conclurent qu’il s’agissait d’un empoisonnement. D’ailleurs, une coupe de champagne semblait avoir glissé des mains de la morte lorsqu’elle était tombée, celle-ci devait être l’arme du crime. Antoine remarqua une jeune femme se retirer discrètement de la foule et entraîner avec elle une autre femme, du même âge sans doute, celui de la jeunesse et de la grande beauté, puis un homme les suivirent. Ils se mirent à discuter discrètement en s’éloignant de la scène du crime. L’étrangeté de ce regroupement secret lui donna l’appétit d’entendre leur discussion. Il se rapprocha alors prudemment et entendit la jeune femme énumérer des meurtres commis dans les grands bals donnés à Nantes, elle sembla dire ensuite un prénom. Antoine l’entendit, elle avait cité un certain John Mo. Qui pouvait bien être cet homme ? La jeune femme remarqua la présence d’Antoine, elle savait que cet inconnu avait tout entendu. Elle s’écarta de ses compagnons et s’avança vers lui. Le temps parut s’arrêter un instant, Antoine contempla la beauté de cette femme. Elle marchait vers lui comme si elle allait le traverser, comme s’il était un fantôme. Soudain, un bruit le déconcentra, un bruit prenant de l’ampleur. Antoine ferma les yeux et se mit à ressentir le froid glacial qu’il avait pu sentir dans son appartement qui lui paraissait à cet instant si lointain.

Il ouvrit les yeux, il était dans son lit, son réveil l’avait coupé de l’autre monde. Il avait rêvé, un rêve étrange et si réaliste pourtant. Il sentit quelque chose lui gratter la nuque, il passa sa main derrière son cou pour attraper ce qui le dérangeait et découvrit un petit bout de papier plié soigneusement. Il l’ouvrit et fut stupéfait par ce qu’il découvrit. ll était écrit d’une magnifique écriture d’ange “Si tu as tout entendu, alors tu reviendras la nuit suivante et toutes les autres jusqu’à ce que l’assassin soit arrêté. Tu subis le même ensorcellement que nous autres, ta curiosité t’a piégé à nos côtés. A très vite. Sarah”. Il n’avait donc pas rêvé, il en avait la preuve avec ce mot, il était piégé dans un sortilège avec la femme qui lui plaisait tant et dont il connaissait à présent le prénom.